“Je crois à un Plan Air Énergie Climat métropolitain qui mette une dimension sociale plus fortement en avant, que l’adaptation au changement climatique soit la porte d’entrée d’un plan pour le bien vivre.”

Jérôme DUTRONCY, vice-Président délégué à l’Environnement, l’Air, le Climat et la biodiversité

🏞 BUDGET 

-> Plan Air Energie Climat : Fonctionnement 160 000 € /an
-> Métropole Respirable : Fonctionnement 560 000 € / an
-> Investissement : 1 million € / an
-> Biodiversité : Fonctionnement 147 000€ / an
-> Investissement : 375 000 € / an

🌍 OBJECTIFS 

-> Réduire les émissions de particules fines
-> Protéger les espaces naturels sensibles
-> Engager les transitions sur le territoire

Au terme de 3 ans et demi de Métropole, qu’est-ce qui a marqué votre 1ère partie de mandat ?

La délégation Environnement, Air, Climat et Biodiversité se caractérise avant tout par sa transversalité. Le passage en Métropole le 1er janvier 2015, par les transferts occasionnés, a considérablement accru l’influence de cet échelon territorial dans la cohérence des politiques et leurs impacts sur la préservation de l’Environnement. Ainsi, nouvel élu en 2014, j’ai dû très vite m’impliquer dans de nombreux projets et thématiques pour marquer la prise en considération des enjeux environnementaux dans les politiques publiques métropolitaines.

Ainsi, durant ces trois premières années de Métropole, des nouveaux cadres ont été établis. Les espaces naturels métropolitains sont passés d’ « équipements de loisirs » (catégorisation historique) à des « réservoirs de biodiversité » et « points d’appui de l’éducation à l’Environnement». Ce principe général de la stratégie biodiversité métropolitaine recherche un meilleur équilibre en préservation et fréquentation du public dans des lieux à proximité du milieu urbain. Cette politique s’appuie désormais sur une volonté d’accélération de la protection des espèces faunistiques et floristiques et d’implication citoyenne avec la mise en place de comités de sites regroupant décideurs et usagers. Elle pose aussi le principe d’une « boite à outils » interne, de compréhension des enjeux, dans l’ensemble des compétences métropolitaines (voirie, urbanisme, aménagement et l’eau). Elle se veut innovante en initiant l’idée d’observer au fil de l’eau l’impact réel des actions menées sur la biodiversité.

La stratégie Air Energie Climat datant de septembre 2015 se basait déjà sur des principes similaires. La nécessité d’être exemplaire avec obligation de résultats et le suivi qualitatif des actions dans le cadre d’une démarche Citergie (European Awards) a été renouvelée. Pour sensibiliser et diffuser plus largement encore, je porte la nécessité de faire une plus grande place au grand public par l’organisation d’un Forum citoyen annuel comme  pilier d’une vraie animation du territoire (acteurs économiques, universitaires et sociaux).

Le souci de maintenir le tissu associatif dans une dynamique partenariale a été également pour moi un fil rouge avec des soutiens pérennes aux associations environnementales qui n’ont pas connu de baisses. Nous avons recherché une meilleure adéquation entre les enjeux métropolitains et leurs actions, un chantier toujours sur l’établi, mais je suis fier d’avoir porté le soutien indéfectible à la Maison de la Nature et l’Environnement de l’Isère (MNEI) pour qu’elle résiste à une période de désengagements multiples. Dans le domaine de la protection des animaux, j’ai œuvré au dialogue entre les diverses associations en les réunissant régulièrement et nous avons travaillé au sauvetage de la Société Protectrice des Animaux du Dauphiné (SPAD). La réhabilitation de la fourrière animale prévue en 2018 et 2019, plus vieux patrimoine de notre collectivité, témoigne de notre fort intérêt en la matière.

Le lien au monde associatif se traduit aussi par des interventions nombreuses dans les écoles de la Métropole, 10 000 enfants en bénéficient chaque année, dans le cadre d’un dispositif d’éducation à l’Environnement qui n’a cessé de s’affiner par les thématiques et les partenaires et dont le Défi des Écoles à Énergie positive est un fleuron.

Fin 2016, nous avons révisé notre Plan de Prévention des Bruits Environnementaux, à l’heure où, sur la politique des déplacements, nous étions la première Métropole « apaisée » à rouler à 30km/h. Une thématique voisine aux nuisances sonores, cartographiée et connue, dont la prise de conscience est forte, voyait la métropole grenobloise rentrer dans les collectivités les plus ambitieuses de France « les Villes Respirables en 5 ans » et l’agrégation de l’ensemble des dispositifs permettant l’amélioration de la qualité de l’air faisait l’objet d’une délibération Stratégie en faveur de la qualité de l’air. Un mois après, la Métropole devenait la première grande agglomération à se doter d’une Prime Air bois. Plus récemment, nous établissions avant l’heure une forme de Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) révisée en rendant une feuille de route à destination du Ministre N. Hulot et en réponse à la Commission Européenne. C’est à ce jour la plus complète et ambitieuse du pays. Et c’est à Grenoble que s’est créée le 15 mai dernier l’alliance des collectivités pour la qualité de l’air.

Cette première partie de mandat, dans une période de construction du fait métropolitain sur notre territoire, amène à poser des grandes orientations mais cela ne s’arrête pas là. Il est indispensable que cela se concrétise par de vrais projets. Ainsi, la stratégie en matière de biodiversité et de trame verte et bleue s’est accompagnée en 2017 de la signature d’un grand programme opérationnel de 11,7 millions d’Euros (Contrat vert Bleu)  avec la région Auvergne Rhône-Alpes et qui réunit 14 différents maîtres-d’ouvrages et des financeurs tels que l’Europe, la Région, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et le Département de l’Isère. La politique en faveur de la qualité de l’Air (qui n’est pas chiffrable en soi comme un programme) a bénéficié d’une aide d’État de 1 million d’euros et nous avons su mettre en place une autorisation de programmation de 4 millions d’euros d’investissement sur la prime Air Bois d’aide à la  conversion des appareils de chauffage au bois non performants. Un dispositif de résorption des points noirs de bruit dans les logements de 800 000 euros permettra la poursuite de ces objectifs issus de MurMur1. Aussi, lauréat de l’appel à projet Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV) 1 et 2, c’est près de 2 Millions d’Euros qui auront contribué à la mise en œuvre réelle de nos politiques, que ce soit la filière bois, l’éducation à l’environnement, la biodiversité ou la réhabilitation thermique des logements.

L’attention forte portée à la définition du futur PLUI nous a permis d’inscrire à l’agenda des avancées importantes en terme de planification. Ainsi, deux Orientations d’Aménagements Programmées (OAP) auront pour thème la qualité de l’Air, le Paysage et la Trame Verte et Bleue. Ces éléments, accompagnés dans le règlement du PLUI, par un coefficient de naturalité sur chaque futur projet inciteront plus encore l’entrée de la nature dans la ville. Ce sujet fera d’ailleurs l’objet d’un appel à projet à destination des communes qui se verront candidater à un fond de concours pour leurs projets en faveur de la biodiversité. Le Parc MIKADO exemplaire et financé par le Contrat Plan Etat Région à hauteur de plus de 3 Millions d’euros, sur la branche Nord-Ouest de la Métropole devrait être la démonstration d’une trame verte et bleue urbaine. Ce projet verra entre autre la naissance d’une « réserve naturelle » métropolitaine à la pointe de la Presqu’ile scientifique, confluence entre Isère et Drac. Ce ne sera pas le seul nouvel espace naturel métropolitain puisque deux autres projets alimenteront les réservoirs de Nature et de patrimoine naturel métropolitains, celui de la Chartreuse de Prémol à Vaulnaveys le Haut et la boucle des Sablons à La Tronche d’ici peu. A noter, ces espaces, tout comme les presque 900 km de sentiers de randonnées, ont été ajoutés au schéma directeur touristique de la Métropole et leur valorisation reste encore à porter.

Travailler à la bonne échelle aussi : nous avons réussi à porter la Prime Air Bois à des niveaux d’ambitions élevés sur l’ensemble de l’aire urbaine en incluant dans le dispositif le Pays Voironnais et le Grésivaudan. Nous avons été labellisé territoire TEPOS avec le PNR du Vercors avec qui nous avons construit les premiers accords de réciprocité et qui font école aujourd’hui auprès des territoires voisins. Dans ce cadre interterritorial, je participe aux définitions des stratégies Agricoles alimentaires et des stratégies sylvicoles de demain, dont l’aspect environnemental ne fait aucun mystère. Enfin, dans le domaine des thématiques qui ne peuvent se faire autrement qu’à une échelle de bassin de vie, j’ai apporté mon support à la définition d’une politique et compétence nouvelle, la GEMAPI.

Quels sont vos objectifs, dossiers et priorités politiques pour 2018 et au-delà ?

Ainsi, 2018 sera sans nul doute une année forte consacrée à la redynamisation des instances et des actions du Plan Air Energie Climat conformément au lancement de sa mise à jour réglementaire en début d’année. Cette étape permettra de faire le point sur les différents schémas et cadres déjà posés (notamment le PLUI, le PLH, le PDU, les schémas énergies, déchets, seront des points d’appuis importants). Les thématiques dont j’ai parlé précédemment y contribueront mais cette phase sera celle aussi qui regardera le plus l’avenir en face et sans détour. Je crois à un Plan Climat qui mette une dimension sociale plus fortement en avant, que l’adaptation au changement climatique soit la porte d’entrée d’un plan pour le bien vivre.

Les politiques interterritoriales passeront de nécessaires à indispensables (mon implication comme président de la Communauté de l’Eau (échelle SCOT) pour la sécurisation du bassin de vie en Eau potable, en gestion des eaux pluviales va dans ce sens). La mise en débat de ce qui compte et des hiérarchies d’importance de ce qui conditionne notre bien-être individuel et collectif sera crucial (cf.  premier Forum International sur le Bien Vivre). La prise en compte réelle des impacts des politiques et le développement avec les universitaires d’outils d’aide à la décision (avec comme exemple le portage du projet QAMECS devenu MOBILAIR avec l’Inserm qui regarde les impacts sanitaires locaux des polluants atmosphériques).

Il s’agit de démultiplier : le projet Great en alliant ville intelligente et citoyens sur les thématiques énergétiques, le big-bang du covoiturage et la santé. En effet, à partir de l’expérience acquise du projet Mobicit’air (microcapteurs mis à disposition de citoyens volontaires) qui est allé jusqu’à être présenté à l’Académie américaine des Sciences, nous déploierons un observatoire augmenté sur le territoire et une captothèque pour faire de la pédagogie de l’air au plus grand nombre.

La qualité de l’air reste le sujet majeur : notre ambition est de poursuivre le travail de rééquilibrage entre l’effort à faire sur le trafic routier et celui à faire sur les particules émises par le chauffage au bois non performant. Cette année verra l’évolution du dispositif avec une Prime Air Bois augmentée, l’implication des communes sur ce sujet et la défense à tous les niveaux d’une « culture » du bois de chauffage. Nous mettrons en place sur l’espace public du mobilier pour informer et sensibiliser les citoyens à la qualité de l’air en temps réel.