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Le 31 mars dernier, à la fin de la trêve hivernale, les dispositifs d’hébergement d’urgence ont fermé leurs portes, rejetant à la rue des milliers de personnes dans de nombreuses agglomérations et grandes villes de France. Dans l’agglomération grenobloise, grâce à une large mobilisation d’élus, d’associations et de collectifs, nous avons obtenu de la Préfecture de l’Isère un délai supplémentaire qui devait permettre la mise en place de solutions pérennes. Trois mois ont passé, sans avancées, l’urgence reste la même : à partir du 5 juillet, 650 personnes, parmi lesquelles des familles avec de jeunes enfants, vont se retrouver sans toit, rejoignant ainsi les centaines de personnes restées à la rue tout au long de l’hiver.

Nous réaffirmons ici la nécessité de dépasser la gestion à court terme que représente la saisonnalité de l’hébergement d’urgence qui reste aujourd’hui une réalité. Dans le même temps, l’agglomération grenobloise, comme beaucoup d’autres, subit de plein fouet la régionalisation de la demande d’asile instaurée en son temps par Nicolas Sarkozy. Il est évident que, loin d’aboutir à une meilleure gestion en proximité, celle-ci participait d’une stratégie de dissuasion et de découragement des migrants et concentre aujourd’hui les difficultés sur quelques grandes villes et agglomération.

Il est désormais impératif de passer d’une logique d’urgence à la mise en place de solutions pérennes, basées sur la construction de parcours d’insertion indispensables pour sortir de la rue. Aujourd’hui, nous appelons Francois Hollande et son gouvernement à abolir cette concentration de la misère dont ils ont hérité et qui se traduit par des drames sanitaires et l’exacerbation des tensions entre populations.

En tant qu’élus de la République, nous rappelons le « principe de continuité », inscrit au Code de l’action sociale et des familles: « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation ».

Nous rappelons également que Conseil d’Etat, dans son arrêt du 12 février 2012, a reconnu le droit à l’hébergement comme « droit fondamental », réaffirmant ainsi que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ».

Nous rappelons aussi et surtout qu’il s’agit là d’une responsabilité d’Etat et que les collectivités territoriales n’ont ni les moyens financiers ni les compétences pour s’y substituer. Comme le soulignait le sixième rapport du Comité de suivi du Droit au Logement : « la mise en œuvre du droit au logement doit mobiliser l’ensemble de la société et l’Etat, qui en est le garant, doit user de toutes ses prérogatives pour le faire respecter ».

A l’heure où notre société est fragilisée par une crise multiforme qui menace les fondements mêmes de notre pacte républicain, l’Etat doit demeurer le garant de la justice sociale et de la dignité humaine.

A notre échelle, nous appelons l’ensemble des partenaires, Etat, Conseil Général, associations et collectifs, à se mettre autour de la table. Face à ce qui est récurrent et prévisible, nous sommes prêts à prendre toute notre part dans la recherche et la mise en œuvre de solutions durables qui respectent les droits des personnes et les lois de la République ».

Eric Piolle, Maire de Grenoble
Christophe Ferrari, Président de Grenoble-Alpes Métropole

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